Archipel – IDF

Traces de la vie francilienne. Monotonie et artifices aux confins d’une île.

Une exploration, une représentation de l’Île-de-France, sa fonction sociale, ses mutations, sa poésie…

Je voulais découvrir l’Ile-de-France dans toute sa pluralité, découvrir cette région où je suis née, où j’ai grandi, et dont pourtant, une grande partie m’est inconnue. Chercher le dépaysement et l’imaginaire dans le familier, représenter ce qui compose cette région, ses paysages, son urbanisme, l’abandon de certaines zones rurales, ses zones pavillonnaires, ses cités dortoirs, ses centres commerciaux, ses maisons de retraite, ses villas et forêts somptueuses… à travers toutes ces diversités, à travers les traces humaines, m’interroger sur comment sont habités et vécus ces lieux et s’il peut exister une unité entre ces mondes disparates. L’Ile-de-France ici, comme une métonymie de la France, où sont présentes les mêmes problématiques que celles d’un pays depuis longtemps et toujours centralisé – et divisé, hétéroclite. À travers les paysages et les traces humaines, dresser un portrait de cette région à notre époque, de ses mutations, flagrantes ou suggérées, à venir, peut être.

« Le bonheur sera décidé dans les bureaux d’études » et « de plus en plus, la publicité prévaut contre la réalité ». Ces phrases prononcées par la voix off du film de Maurice Pialat, L’amour existe (1961) trouvent leur écho aujourd’hui dans les publicités et les présentations de certaines villes, dans celles concernant la construction du métro Grand Paris Express qui prévoit l’extension et la création de six lignes mises en route entre 2023 et 2030.

Puisque le Grand Paris arrive, puisque ce territoire est en mutation, quels sont alors les enjeux de celle-ci et de la réalisation d’un projet photographique avant 2020 ? Sans savoir évidemment à quelle réalisation et pratique concrète aboutiront les projets du Grand Paris, je sens qu’un changement s’opère et que les générations franciliennes nées à partir des années 2000 auront probablement un rapport différent à Paris et sa périphérie, que la relation entre les deux aussi se modifie. Ce qui fait de plus en plus défaut à Paris – l’espace disponible, l’accessibilité économique – pourrait être le point d’attraction d’autres villes et ce qui fait défaut à la périphérie – principalement les services publics, les espaces et évènements culturels – est en pleine extension depuis le début du siècle. Bien que le risque soit toujours de sans cesse étendre la ‘gentrification’ des zones les moins décentralisées et de repousser toujours les populations les moins aisées et les plus marginalisées, l’époque dans laquelle s’inscrit ce projet m’apparaît comme le moment charnière d’une longue transition.

Irrépressible Désir de Frontières       

Intense Détournement de la Frustration

Intemporel Désir du Factice                      

Indolente Dérive des Flux